Titre original
L'Italiana in Algeri
Gioacchino Rossini
Stendhal a sûrement trouvé le meilleur mot pour qualifier L’Italienne à Alger : « une folie organisée et complète ». En effet, de la première à la dernière note, Gioacchino Rossini agit en maître de cérémonie déjanté, réglant l’une de ses comédies les plus loufoques. L’Italienne est une farce surréaliste où l’opéra italien croise Dada, où le rythme trépidant des deux actes semble anticiper les films de Chaplin et de Buster Keaton : le concert d’onomatopées (« ding-ding, tac-tac, croa-croa, boum-boum ») qui emporte, tel l’ouragan, le final du premier acte, n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Mais il y a aussi de la tendresse dans les airs d’Isabella et de son fiancé Lindoro, et même quelques marques de patriotisme qui surent enflammer le public vénitien de l’époque. Partout ailleurs, l’esprit buffo domine, avec une ouverture qui donne le ton du papotage à venir. Dernier détail – et non des moindres : Rossini composa l’ensemble en une petite vingtaine de jours !
Mustafa, bey d’Alger, veut changer d’épouse, ennuyé par Elvira, qu’il compte offrir à son esclave Lindoro. Ce dernier a autre chose en tête : s’évader du sérail et regagner l’Italie, où l’attend sa fiancée Isabella. Mais l’Italienne fait elle-même le voyage jusqu’à Alger, après le naufrage de son bateau. Isabella n’est pas du genre à se laisser dicter quoi que ce soit : en un clin d’œil, elle subjugue Mustafa et lui impose ses quatre volontés – leur rencontre vaut son pesant d’or. Accompagnée de Taddeo, son ridicule soupirant qu’elle fait passer pour son oncle, Isabella n’a qu’une chose en tête : délivrer son Lindoro et regagner avec lui l’Italie. Laissant croire à Mustafa qu’il l’a conquise, Isabella se joue en réalité de lui, l’honorant du titre de « Pappataci » (« Bouffe et tais-toi »). Elle excite le patriotisme des marins italiens, enivre la garde du bey d’Alger, et parvient à quitter les rives d’Alger avec Lindoro. Mustafa, lui, promet de rester fidèle à son épouse et de ne plus jamais approcher la moindre Italienne !
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